La mutation du capitalisme à la peine

Les autorités françaises peuvent en leur for intérieur se dire qu’à chaque jour suffit sa peine. Tant que les taux obligataires resteront aussi bas, le service de la dette sera soutenable. Sans doute la raison pour laquelle elles constituent un groupe de travail chargé ultérieurement de rétablir les finances publiques. 

Pour une fois, rien ne presse, car dans ses dernières prévisions le FMI prévoit une quasi stabilité de la charge de la dette jusqu’en 2025, une éternité par les temps qui courent ! Il en est de même des marchés. 

L’accroissement du stock de la dette est impressionnant. Celui-ci est passé, toutes maturités confondues, de mille milliards d’euros fin 2008 au double en août dernier, un montant plus parlant que les habituels pourcentages du PIB qui font encore autorité. 

L’État se finance désormais plus par l’endettement que grâce à ses recettes fiscales, soit 260 milliards d’euros d’émissions cette année contre une prévision de 250 milliards d’euros de rentrées nettes qui sont en baisse en raison de la pandémie. 

Les tabous ne résistent pas aux exigences de la situation, quand bien même il est cru dur comme fer au retour à la « normalité » en application d’une théorie qui s’apparente par analogie à un culbuto, ce jouet qui se redresse tout seul quand on le renverse. Cela tombe bien, c’est bientôt Noël !  

L’irréalisme des prévisions n’a pas d’autre fondement que le refus d’admettre que les repères d’hier sont frappés d’obsolescence et que les dogmes les plus établis présentés comme éternels ne sont plus des guides.

La mutation qui est à peine engagée représente de profondes transformations qui doivent être financées. La décarbonisation des activités n’est pas la moindre et la tâche est gigantesque. L’isolement de l’habitat, la conversion en faveur des énergies nouvelles, la substitution du parc des véhicules électriques aux thermiques et la reconversion de l’agriculture sont-elles à portée de main dans le calendrier imparti ? On peut en douter car les freins sont multiples. En témoigne la bataille menée au Parlement européen pour exclure les investissements dans le gaz naturel de l’utilisation des fonds du plan de relance.

Jerome Powell, le président de la Fed, avertit que la stabilité financière est menacée sans en expliquer le mécanisme. Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, argumente ainsi que le soutien aux entreprises telles qu’elles sont est prioritaire afin de « sauvegarder l’emploi », et il retarde les tests destinés à évaluer la résistance des banques face aux bouleversements économiques liés au changement climatique. Que va faire la BCE, au sein de laquelle l’achat ciblé d’obligations « vertes » fait débat au prétexte que pour certains gouverneurs il ressort des États ? Encore les dogmes !

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